Festival Dix artistes exposent tout l'été leurs oeuvres dans des sites du massif du Sancy, en Auvergne
Horizons pratique l'art au naturel
 







Michael McGillis a peint ses 15 000 brins d'osier un à un avec une peinture biodégradable (1).Gilles Bruni a ramené des bombes volcaniques pour construire son cratère (2). Junichiro Ishii (3) a choisi du pin Douglas pour construire sa rue de l'infinité. André Maigne (4) a travaillé avec des ornithologues pour que les reflets de ses disques ne gênent pas les oiseaux.
 
 Des tiges d'osier rouges plantés autour du cratère d'un volcan éteint, des CD colorés qui flottent sur la surface d'un lac, un autre cratère recons-titué dans un champ rocailleux, des flûtes à énergie solaire dans les arbres d'une forêt... On appelle ça du land art, ou de l'art in situ. Les dix communes du massif du Sancy (Auvergne) se sont associées pour créer le festival Horizons, rencontre improbable entre l'art contemporain et la nature. Pour cette première édition, dix artistes ont disséminé dix oeuvres dans les magnifiques paysages du massif.
L'objectif d'Horizons est de « renouveler l'offre touristique du Sancy », selon les termes de Luc Stelly, directeur de l'office de tourisme, à l'origine de l'ambitieux projet. « Nous voulions attirer un nouveau public, valoriser nos paysages.»
Si l'initiative est donc avant tout destinée à « remplir les
 

lits des hôtels », la qualité des oeuvres en fait l'un des événements les plus passionnants de l'été. Jean-Paul Ganem a ainsi « tracé » des cercles d'herbe d'un vert plus clair sur le col du Capucin.
L'oeuvre s'admire depuis le sommet et figure la discrète présence humaine dans des sites naturels. «Parfois, on va dans un endroit et on ne le voit plus vraiment», explique l'artiste, qui a travaillé avec le paysan propriétaire du champ, et n'a utilisé que des

 
engrais naturels et des tontes fréquentes pour créer son œuvre éphémère. Plus au nord, sur la Banne d'Ordanche trois musiciens du vent ont installé leurs orgues éoliennes.
Construits en bambous de quatre à six mètres de haut, ces instruments autonomes émettent des sons étranges et gracieux jusque dans la vallée. «Par grand vent, c'est du Wagner, aujourd'hui, c'est plus doux, commente Bruno Tondellier, l'un des trois ingénieurs. On voulait faire cette œuvre depuis longtemps. Avec Horizons, on a enfin trouvé des gens aussi fous que nous... C'est génial de pouvoir faire entendre ces sons au plus grand nombre. Chaque jour, on a plus de mille moutons pour spectateurs ! »
En attendant le flot des touristes sur ce site, très prisé des rando-nneurs aujourd'hui... et des amateurs d'art contemporain demain.
      Benjamin Chapon
 
   
 
agenda

• Jusqu'au 15 août, les Rencontres Grandeur Nature dans le Queyras présentent les travaux de quelques land artistes.

• Jusqu'au 15 juillet, le festival du Vent des forêts invite à une randonnée forestière parsemée d'oeuvres.

• Le Centre d'art de Vassivières (Limousin) accueille des plasticiens qui étudient les liens entre art et environnement.

• Le Domaine de Kerguéhennec (Morbihan) expose toute l'année des sculptures dans son parc.
« Des agriculteurs du coin m'ont parlé, mais pas de mon œuvre »
       
 
 Dans un pré d'estive, le Japonais Junichiro Ishii a installé Rue de l'Infinité, une passerelle de bois en forme de huit qui invite à la méditation. « Beaucoup d'agriculteurs du coin sont venus me par¬ler du bois que j'utilisais. Ils ont fauché les herbes pour m'aider et m'ont prévenu quand des tempêtes de neige approchaient... Mais ils ne m'ont jamais parlé de l'oeuvre... »
Pour Beryl Marlet, coordinatrice artis-tique d'Horizons, «l'événement est aussi l'occasion pour les habitants du Sancy de poser un nouveau regard sur leur massif. Nous avons prouvé que nous pouvions faire de l'art contemporain en milieu rural. Maintenant, il y a un gros travail de médiation culturelle à faire auprès de la population. »
     
      vandalisme Un préfabriqué coulé, une caravane qui flotte, une grosse crotte blanche et carrée... L'Iceberg de l'agence +2 Paysage, sur le lac Chambon, ne fait pas l'unanimité. En début de semaine, il a même été tagué. Les organisateurs d'Horizons et la municipalité ont porté plainte
     

.