Patrick et Patricia
MOUCHAGUE




   
Peux-tu nous parler de toi en quelques lignes ?
Nous avons la chance d'être un couple de jardiniers du vent. Comme cette passion prend du temps et de la place dans l'appartement, c'est mieux de tout partager.

En règle générale, ce qui compte beaucoup dans notre vie, c'est l'amitié et les copains, et de ne pas nous prendre trop au sérieux.
Quand as-tu commencé dans les couloirs du vent ?
En 1998, à Berck, avec le Fil d'Ariane initié par Alain Chevalier. Nous avons préparé, avec l'aide de quelques amis, plus de 1 000 bambous, décorés de bande de couverture de survie et plantés le long d'un fil rouge, près de la mer. Ce fil conducteur réunissait plusieurs cerfs-volistes, plasticiens et artistes.

Tu participes activement aux couloirs du vent. Pourquoi ce choix ?
Pour avoir un contact privilégié avec le public qui pose beaucoup de questions. Quand on plante nos masques blancs, les enfants nous racontent les histoires qui vont avec : des histoires de pirates, de fantômes. On retombe ainsi très vite dans un monde imaginaire.
C'est aussi avoir des possibilités de
créations, parfois hasardeuses ou délirantes, mais toujours enrichissantes. Il y a aussi une super ambiance entre jardiniers et sans esprit de compétition. Il n'y a rien à gagner, juste à se faire plaisir.

Pourquoi as-tu commencé à fabriquer tes objets éoliens ?

On ne s'est jamais posé la question. C'est certainement pour laisser vagabonder notre imaginaire. Ca nous a permis aussi de travailler ensemble pour la conception et la réalisation. On a fait des objets éphémères (surtout parce que le vent a eu raison d'eux) mais on a pris un réel plaisir à concevoir des " scènes "

D'où te vient ton inspiration ?
Patrick : C'est souvent au réveil. Je ne sais pas si j'en ai rêvé, mais le matin je me sens très créatif…. Heureusement, je me calme et beaucoup de mes idées n'aboutissent pas.

Patricia
: comme Patrick a des idées pour deux ou plus, alors je fais le tri et je garde ce qui me parle le plus. Parfois on est d'accord tout de suite, mais parfois c'est sujet à de vives discussions, chacun défend ses idées. On trouve toujours un compromis, et après on en content de planter notre jardin.

Quel objet éolien de ta fabrication préfères-tu et pourquoi ?
Une de nos dernières idées, c'est l'utilisation de transparents avec des motifs en couleur ou des symboles. Lorsqu'il y a du soleil ou une certaine luminosité, Il y a un jeu de lumière et de projection au sol très intéressant. Quand un enfant se baisse pour récupérer dans ses mains du sable bleu ou rose, c'est magique !
On va aussi utiliser un nouveau matériau, les radiographies. C'est parti d'une blague entre jardiniers, beaucoup ont contribué à notre collecte. A nous de voir ce que l'on peut vraiment en faire.
Quel type de matériau préfères-tu utiliser ?
Patrick : sans aucun doute le bolduc. Je suis fasciné par les ondes et les sons que peut produire de ce petit ruban magique. Tous ceux qui me connaissent, savent que je suis capable d'en dérouler de grande longueur.
Patricia : le tissu, pour faire de grandes voiles, des structures qui se voient de loin pour attirer le public, comme le vaisseau d'Eole.
As-tu un festival favori ?
Il n'y pas vraiment un seul festival. Il y a bien sûr le charme des cabanes en bois dans le sable de Berck, les rencontres avec le public de Dieppe. Mais il y a aussi la convivialité de certains festivals plus petits.
Que penses-tu de la place des couloirs du vent dans le monde du cerf-volant ?
Au début on était un peu marginalisé. Mais comme le public est venu vers nous, les organisateurs nous ont intégrés dans leur programme. Nous sommes presque tous à l'origine des cervolistes, on en fait d'ailleurs encore. Mais en tant que 'jardinier du vent' on n'est pas toujours perçu comme sérieux par les autres cervolistes.


Est-ce que tu as d'autres passe-temps, et si oui, peux tu nous dire lesquels ?
Patrick : La photographie. Et surtout je consacre beaucoup de temps au site de mon association Aerohistory. Entre les recherches, les photos et le graphisme, je suis bien occupé.
Patricia : effectivement, en dehors des festivals, le site nous accapare énormément. Mais c'est un réel plaisir que de trouver de nouvelles actus autour du cerf-volant.


As-tu une expérience de jardinier du vent dont tu te rappelleras toujours ?
Patrick : Berck 2000, j'ai réalisé un film " les Maîtres du Vent " sur 4 personnages incontournables.
Je voulais faire connaître la musique éolienne
en suivant les traces de Bruno avec ses moulins à vent, de Didier et ses bambous sonores, de Robert avec ses harpes éoliennes et de Uli et ses flûtes cubiques. Plusieurs jours de tournage vidéo, prise de son dans une très bonne ambiance puis … des heures de dérushage !
Patricia : La première ! En effet, on avait prévu une scène avec 50 bambous, puis Didier Ferment nous a incité à en faire une centaine, et le revendeur nous a fait un prix pour 1 000 ! Je ne me doutais pas des problèmes de logistique que cela a provoqué. Entre la décoration, le transport et l'installation sur la plage … Heureusement qu'il y avait les copains. C'était en 98, mais on en reparle assez souvent comme d'une douce folie !