La tradition des cerfs-volants Cambodgiens
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Le royaume khmer est incroyablement fascinant. Comment ne pas tomber sous le charme d'un pays si beau et d'une population si attachante ?
 
Au temps de l'ancienne civilisation Khmers, du IX° au XII° siècle, le cerf-volant était utilisé, comme souvent en Asie, à des fins religieuses. La cérémonie du Klèng (cerf-volant cambodgien) fut pratiquée jusqu'à la mort du roi Ang Duong en 1859. Lors de la pleine lune de novembre, le roi faisait venir des bonzes au palais. Ceux-ci à la nuit tombée et après avoir pris leur repas, lançaient les cerfs-volants aux esprits célestes. Ainsi, par leurs présences, ils appelaient ces esprits célestes à arrêter la pluie afin que les moissons puissent se faire au mieux. Pour cette cérémonie, le cerf-volant représente le Garuda (oiseau mythique) qui doit chasser le Dragon, symbole de la pluie.

D'après la légende, c'est à Tsangé que l'on doit le cerf-volant traditionnel cambodgien :

« Tsangé est un savant Khmer qui connaît bien la vie des peuples et s'oppose aux mauvais traitements infligés aux esclaves. Un jour il est allé en parler au roi. Suite à un différent, le roi le fait expulser en Chine. Il devient alors simple paysan, fabricant de très bon vermicelle chinois. Sa renommée est si grande que le roi de Chine veut y goûter. Mais Tsangé osa regarder le roi pendant qu'il mangeait. Il fut aussitôt envoyé en prison.
Avec du papier, du bambou et du rotin, Tsangé fabriqua un cerf-volant avec un arc sonore et le fit voler la nuit, au dessus du palais royal. L'arc sonore faisait un bruit particulier et semblait pleurer. Le roi s'en inquiéta auprès de ses ministres. Ils lui dirent que c'était un oiseau étrange qui voulait manger le peuple chinois. Le roi convoqua ensuite les bonzes qui lui révélèrent que c'était un esprit venu le punir d'avoir mis en prison un cambodgien. Le roi fit alors libérer Tsangé qui retourna au Cambodge avec son cerf-volant. »
Avec l'arrivée des Khmers Rouges, le cerf-volant avait disparu. Le pays fut placé dans un véritable chaos et tout ce qui était destiné aux jeux a été supprimé. Depuis la libération on voit de nouveau les cerfs-volants voler pour la plus grande joie de tous.

Aujourd'hui, on les fait toujours voler en novembre, après la récolte du riz, quand les greniers son pleins. Les villageois construisent leur cerf-volant en groupe. L'armature est en bambou, la voilure en papier (journal, sac de ciment, ... n'importe quel papier fait l'affaire). Selon la tradition, l’arc sonore cambodgien, nommé "Ek", est composé d’une fine lame de rotin fixée à l’avant du cerf-volant et qui vibre au souffle du vent. Chaque cerf-volant émet un son différent. Selon le nombre de sons émis par la vibration, le présage est ou non favorable.

« Quand le “Ek” ne produit que deux sons, c’est signe de  malheur. En revanche, à partir de trois sons, c’est symbole de Paix, de bonheur et de liberté » Sim Sarak.

Les paysans les font voler surtout la nuit pour écouter le chant des arcs sonores. En fonction de leur vol et des vibrations sonores, les bonzes augurent de la sécheresse ou des pluies pour l'année à venir.
Outre cette utilisation symbolique ancestrale, les cerfs-volants sont aujourd’hui un jeu fort apprécié, tant des enfants que des adultes. Ils apparaissent dans le ciel dès que le vent du Nord se met à souffler (novembre) et couvrent le ciel des campagnes jusqu'en février. Lors des concours, les cerfs-volants se jugent à leurs aptitudes au vol et aux sons qu'ils émettent.
Crédit photos : Carnet de Vol